Si vous vivez en Allemagne, vous vous êtes sûrement déjà dit : « J’aimerais acheter, plutôt que de jeter mon loyer par les fenêtres… ».
Mais en y réfléchissant un peu plus, les questions s’enchaînent :
- Avec les prix de l’immobilier à Munich, Hambourg, Francfort ou Berlin, est-ce vraiment rentable ?
- Et surtout, puis-je me le permettre ?
- Sur combien d’années faut-il rester pour que l’achat devienne plus intéressant que la location ?
- Et si je décide de rentrer en France, que se passe-t-il ?
Autant de questions — et bien d’autres encore — qui vous freinent au moment de franchir le pas.
👉 Dans cet article, nous faisons le point pas à pas, pour vous aider à y voir clair et à décider en connaissance de cause : acheter ou louer, quelle est la meilleure option pour vous en tant qu’expatrié français en Allemagne ?
Acheter ou louer ? Le comparatif chiffré
Aujourd’hui, louer un 80 m² à Munich coûte environ 1 600 € par mois (Kaltmiete, hors charges), selon le quartier.
Si vous envisagiez d’acheter le même bien, il faudrait prévoir environ 640 000 €, soit environ 8 000 €/m².
À titre de comparaison :
| Ville | Loyer moyen (80 m²) | Prix d’achat estimé |
| Munich | 1600 € / mois | 640.000€ |
| Berlin | 1400 € / mois | 450.000€ |
| Francfort | 1500 € / mois | 560.000€ |
| Hambourg | 1400 € / mois | 480.000€ |
Exemple concret : le scénario Munich
Prenons un exemple simple pour illustrer la différence entre acheter et louer le même logement à Munich.
- Prix d’achat : 640 000 €
- Frais d’acquisition (notaire, taxe, agent) : ≈ 57 600 € (soit 9 %)
- Mensualité moyenne (sans apport, taux actuel) : ≈ 3 200 € / mois
- Durée de remboursement : environ 27 ans et demi (classique en Allemagne)
Scénario 1 : vous achetez
- Sur 27,5 ans, vous remboursez votre crédit et devenez pleinement propriétaire.
- En supposant une réévaluation modérée du marché immobilier à +2,8 %/an, votre bien de départ (640 000 €) pourrait valoir environ 1,4 million d’euros à la fin du crédit.
- Une fois le prêt remboursé, vous disposez d’un revenu “libéré” de 3 200 € par mois à investir autrement.
- De plus, la revente est exonérée d’impôt sur la plus-value.
Scénario 2 : vous restez locataire
- Vous conservez vos 57 600 € de frais d’acquisition, que vous pouvez placer dès le départ.
- Et chaque mois, vous économisez la différence entre la mensualité d’un achat (3 200 €) et votre loyer (1 600 €), soit 1 600 € investis mensuellement.
- En plaçant cette somme à un rendement net de 5 %/an, votre capital atteindrait environ 1,3 million d’euros au bout de 27,5 ans.
Résultat : match nul ?
Au bout du compte, les deux scénarios se tiennent :
Le propriétaire a un patrimoine immobilier estimé à 1,4 million €.
Le locataire-investisseur a un capital financier d’environ 1,3 million €.
Mais tout cela repose sur des hypothèses : taux, inflation, évolution du marché immobilier et rendements financiers.
Et l’avenir, personne ne le connaît.
Alors que faut il en conclure ?
Les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Au-delà des calculs, d’autres critères entrent en jeu.
Acheter ou louer en Allemagne : les critères non financiers à prendre en compte
Le propriétaire :
- bénéficie d’une stabilité : il ne subit pas d’augmentation de loyer et il ne peut pas se fait virer de son propre appartement (certains locataires perdent leur logement quand le propriétaire veut le récupérer pour lui !)
- peut revendre sans impôt sur la plus-value s’il y vit
- une fois son prêt remboursé, il dispose d’une capacité d’épargne de 3 200 €/mois.
Mais il perd en flexibilité :
- que se passe-t-il en cas de chômage, Elternzeit ou mobilité professionnelle ?
- son patrimoine est concentré sur un seul actif (sa résidence principale) ;
- il dispose de moins de liquidités pour d’autres projets (études des enfants, investissement locatif, retraite, etc.).
⚠️ …et il assume des risques que le locataire n’a pas
Être propriétaire, c’est aussi porter seul certains risques :
- Les travaux et l’entretien : toiture, chaudière, façade, copropriété… des dépenses parfois imprévisibles et souvent coûteuses.
- L’évolution des taux d’intérêt : en Allemagne, le taux d’un crédit immobilier est généralement fixé sur 10 ans (Zinsbindung).
Voir notre article : Prêt immobilier en Allemagne: 5 différences avec la France – Expat Finances - Le risque de marché : si vous devez vendre dans un contexte défavorable, vous pouvez perdre une partie de votre mise.
Le locataire, lui, échappe à ces aléas : il maîtrise son budget, ne supporte pas les imprévus structurels ou financiers du bien, et reste mobile. Ca aussi c’est important : de nos jours il est rare d’habiter toute sa vie au même endroit. Ce qui nous amène à une nouvelle question :
Au bout de combien de temps l’achat devient il plus intéressant que la location ?
Ce qui se passe dans les premières années
Dans notre scénario, les premières années, l’acheteur :
- paie surtout des intérêts, donc il rembourse peu de capital ;
- a immobilisé près de 58 000 € dans les frais d’acquisition (argent “non récupérable”) ;
- et verse chaque mois 1 600 € de plus que le locataire.
Le locataire, lui :
- garde sa liberté,
- investit 1 600 € par mois à 5 % nets,
- plus ses 57 600 € de départ.
👉 Sur les 5 à 7 premières années, l’avantage est clairement du côté du locataire, car la valeur nette du bien acheté est encore inférieure à ce que rapporte l’épargne investie.
L’effet du temps : amortissement et valorisation
À mesure que le temps passe :
- l’acheteur rembourse de plus en plus de capital ;
- la part d’intérêts dans sa mensualité diminue ;
- et son bien se valorise (ici +2,8 %/an).
À partir de 10 ans, le cumul des remboursements de capital + la plus-value latente du bien commence à dépasser les rendements financiers du locataire. En fait comme toujours, l’immobilier est un investissment de long terme. Mais la vie n’est pas toujours un plan linéaire : un projet professionnel, une opportunité ou simplement l’envie de rentrer en France (ou déménager dans un autre pays) peuvent tout changer.
Que se passe-t-il si vous décidez de rentrer en France ?
C’est une situation très fréquente.
Beaucoup d’expatriés, après plusieurs années en Allemagne, souhaitent rentrer en France et bien souvent y acheter un logement. Et là, une nouvelle question se pose :
“Mon achat en Allemagne risque-t-il de me freiner ?”
Si vous rentrez en France, deux options s’offrent à vous : revendre ou mettre en location votre bien allemand.
Revendre votre bien en Allemagne
- Si la revente intervient “trop tôt”, votre bien n’a peut-être pas encore pris assez de valeur pour compenser les frais d’acquisition (souvent 8 à 12% du prix).
- S’il s’agissait de votre résidence principale, la potentielle plus value n’est pas imopsable
Conserver votre bien et le louer à distance
- Vous devenez propriétaire non-résident en Allemagne, avec des obligations fiscales spécifiques.
- Il faut gérer les locataires à distance
- Le loyer ne couvre pas toujours entièrement la mensualité, mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas rentable à long terme — votre capital continue de se constituer.
Acheter un logement en France après votre retour
Il faut se poser deux questions très concrètes :
- Disposez-vous d’assez d’apport pour acheter en France sans revendre votre bien allemand ?
- Avez-vous la capacité financière de rembourser un nouveau crédit tout en maintenant un prêt (et éventuellement un déficit) en Allemagne ?
Vous saurez alors si vous pouvez vous permettre de ne pas revendre votre bien en Allemagne. Si vous ne pouvez pas vous permettre de garder le logement allemand, il peut être judicieux d’attendre avant d’acheter en France plutôt que de revendre dans la précipitation en Allemagne.
🧭 En résumé
Tout dépend de votre situation personnelle et de votre horizon.
Mais si vous pensez rester moins de 10 ans en Allemagne, il peut être plus prudent de ne pas acheter, afin de conserver votre flexibilité et votre capacité d’investissement future.
Il existe d’ailleurs plein d’autres manières de faire fructifier votre argent, sans nécessairement l’immobiliser dans la pierre — l’essentiel étant de ne pas le laisser dormir… ni le dépenser sans projet.
Nous pouvons également vous conseiller sur les placements les plus intéressants en Allemagne. De cette manière, vous pourrez décider de ce qui est le plus pertinent pour vous. Contactez Expat Finance – Expat Finances
Pour finir, nous avons aussi rassemblé ici les questions les plus fréquentes sur l’achat immobilier en Allemagne, en espérant que ces réponses vous aideront à avancer dans votre projet.
FAQ
Regardez cette vidéo : Acheter un bien immobilier en Allemagne : les différentes étapes
Au programme:
00:00 Travail préparatoire
00:41 Recherche du bien
03:55 Recherche du financement
06:27 Contrat de prêt et signature chez le notaire
10:33 Paiement du prix
13:36 Transfert de propriété
En Allemagne, il n’existe pas de taux d’endettement strict comme le “33 %” français.
Les banques évaluent plutôt la capacité de remboursement en fonction du revenu net, de la stabilité professionnelle et de la valeur du bien.
Elles vérifient que le reste à vivre est suffisant pour couvrir les dépenses courantes et imprévues.
La plupart des banques exigent au moins 10 % du prix d’achat en apport personnel. Il faut y ajouter les frais d’acquisition (Grunderwerbesteuer, Notar, Makler : au total ~10% selon les Länder). Donc prévoyez 20%.
Il faut présenter un dossier solide : revenus stables, contrat de travail à durée indéterminée, historique bancaire sain.
Le taux d’intérêt est souvent fixé pour 10 à 15 ans (Zinsbindung).
Après cette période, il sera renégocié selon les conditions du marché.
Entre la signature du contrat chez le notaire et la remise des clés, comptez environ 2 à 3 mois.
A l’achat : Grunderwerbsteuer (taxe d’acquisition) : 3,5 à 6,5 % (elle varie d’un Land à l’autre, regardez ici pour votre Land)
Ensuite, chaque année, vous paierez la Grundsteuer (taxe foncière). Son montant est assez faible en comparaison avec la France
Puisqu’il s’agit de votre résidence principale, il n’y a pas d’impôt sur le revenu (vous ne touchez pas de loyer!) – cela signifie en contrepartie que vous ne pouvez pas profiter de déductions fiscales
Oui, c’est possible. Le contrat de vente mentionne les deux acquéreurs et la répartition de propriété (50/50, 70/30, etc.). Attention : vous êtes solidaires de la dette, peu importe la répartion inscrite au Grundbuch.
C’est en grande partie une question de culture économique plutôt qu’un simple calcul financier.
En Allemagne, la valorisation de la flexibilité et la protection des locataires font qu’acheter n’est pas perçu comme une obligation. Voici quelques statistiques : Dans quel pays européen y a t-il le plus de locataires ?
Paradoxalement, malgré des revenus souvent plus élevés, le patrimoine moyen des Allemands reste inférieur à celui des Français, car l’immobilier y joue un rôle moindre dans la constitution du capital.




